vendredi 5 août 2011

En route vers le marathon de l'Everest


Je vous avais dit que je vous tiendrais au courant de mes défis, en route vers le marathon de l'Everest.  Une partie de mon blog est de vous informer périodiquement de mon évolution, de mes défis d'ici mon départ le 22 novembre.  Mon blog est aussi un lieu ou je transmets des capsules santé.  Aujourd'hui, je vous informe davantage de mes défis en route vers l'Everest.  C'est d'ailleurs le titre que je donnerai à chaque fois ou je vous tiendrai au courant de mon évolution vers l'Everest:  "En route vers le marathon de l'Everest".  Ce sera donc plus simple pour vous de faire la différence entre mes capsules santé et mes récits d'évolution vers l'Everest.  Que ce soit pour l'un ou l'autre des thèmes, je termine toujours par un apprentissage ou un outil.  J'espère que cela peut vous être utile...

 04 août 2011 :
Je suis venue seule dans le Maine à une course de 10km, le Beach to Beacon.  C’est la 4ième fois que je le cours.  C’est un parcours superbe, une course où se retrouvent plusieurs élites.  La course commence dans le petit village de Cape Élizabeth et se termine sur la colline du Portland Head Light, votée comme étant le plus beau phare du Maine, avec une vue à couper le souffle sur la mer.  Les vagues se cassent sur les rochers rouges et on se croit au sommet du monde.  Il y a des tentes blanches partout où les commerçants distribuent leurs produits : thé glacé au bleuet, muffins aux baies, sirop d’érable, produits du terroir, etc.  C’est une course unique en son genre, très prisée autant par les athlètes de haut niveau que par les communs des mortels. On attribue son succès en grande  partie à Joan Benoît Samuelson, cette grande athlète américaine qui a remporté le marathon de Boston en 1983 et qui a remporté la médaille d’or aux olympiques de Los Angeles en 1984.  En effet, c’est elle qui a crée cette course qui en est à sa 14ième édition et qui est la fierté de la région.  
Le plan initial était donc que je cours à fond de train samedi, mais comme je fais ma première course de trail dans deux semaines, mon entraineur et moi avons jugé que ce serait plus sage de le courir uniquement pour le plaisir.  Pas facile pour quelqu'un qui s'est inscrite en mars afin de battre mon temps de l'an dernier.  En plus de cela, depuis avant hier, j’ai mal au tendon d'achille.  Je me demande même si je devrais courir après demain parce que je ne veux pas prendre de risques inutiles.  C’est difficile pour moi d’être ici et de participer sans donner mon max.  Faut croire que la maturité fait en sorte que j’apprends à respecter davantage mes limites et mes énergies. 
Je suis assise sur la terrasse de mon auberge et je réfléchis calmement à mes défis à venir, à comment les matérialiser et comment être stratégique dans mon approche plutôt qu'émotive.  Je vais donc attendre de voir comment mon tendon réagit demain matin.  Le plan est d’aller courir 30 minutes, en incluant de la marche aux deux minutes.  Apprentissage du jour : Ça ne sert à rien de paniquer, c’est une situation que je ne peux contrôler.  Je vais rester dans l’instant présent et voir demain.  D’ici là, je vais profiter de l’air salin et me reposer.

05 aoüt 2011 :
Bon, je ne vais pas courir demain !  Ça me demande tout mon courage 1) pour ne pas m’apitoyer sur mon sort et 2) de ne pas courir demain.  Merde, je suis dans le Maine pour cela !  La réalité c’est que mon tendon est presque parfait.  J’ai dit : « presque ».  Je donnerais la note de 9.3 sur 10, si on me le demandait.  En courant ce matin, c’était à 7 sur 10 et je n’ai couru que 30 minutes, avec des pauses de marche. Quand ce n’est pas parfait, on ne risque pas de se blesser et de manquer la course qui compte dans deux semaines : la XC de la vallée ou je dois décider si je courrai le 21km ou le 33km.  Cette course est plus importante que celle de demain car c’est un parcours en sentier qui mimique davantage celle de l’Everest.  Ça, c’est le rationnel qui parle.  L’émotif dit : « Lysanne, vas-y, ne sois pas si prudente, peut-être que ton bobo va disparaître tout seul (car ça arrive des fois). Vas-y et fait marche-course.  Ce n’est qu’une petite douleur qui va passer. Go with the flow ».  Je sais bien toutefois (vive la quarantaine) qu’y aller avec l’attitude « go with the flow », que de me faire croire que je serais capable, en connaissant ma personnalité, de marcher le parcours alors que j’ai un dossard et que tout le monde crie pour m’encourager, c’est un désastre « in the making ». Je sais bien que le simple fait de penser à mettre mon dossard me fait le même effet qu’à un cheval à qui on donne un coup de fouet dans le flan.  Et puis je sais aussi que de me dire « pourquoi ça m’arrive maintenant? », c’est juste de l’apitoiement inutile.  Car pourquoi pas moi justement ?  Ça arrive à tous les athlètes et pourquoi serais-je une exception ?  Mon entraineur me rappelle d'ailleurs souvent que je dois me rappeler mon but ultime (courir quand j'aurai 85 ans) plutôt que le but à court terme (faire la course demain) quand un bobo survient et que tout se mélange dans ma tête.  Quand je suis dans l’acceptation de cette décision sage, une partie de moi est contente de ne pas être dans l’anticipation de la souffrance à venir, dans ma stratégie de course, dans quoi manger pour souper, etc.  Une partie de moi est apaisée aussi car je sais bien que c’est la bonne décision.  Je voulais battre mon 46.13 de l’an dernier, mais je devrai attendre une autre année…  La terre continuera certes de tourner !  Je vais donc faire une petite sortie de course demain autour de l’hôtel et aller voir le finish de la course.  J’ai rencontré un organisateur de la course ici à mon auberge.  Il m’a donné un billet pour le souper des athlètes demain soir.  Je vais lui demander s’il pourrait me trouver une place où je pourrais regarder l’arrivée…  Je me dis aussi que ça pourrait être pire.  Deana Kastor qui devrait normalement courir demain, semble avoir attrapé un « bug ».  Apprentissage du jour : Ne pas résister ce qui est et virer la situation à son avantage.  Si je résiste le fait d’avoir un bobo, je souffre.  Une fois que je l’accepte, je peux regarder comment m’ajuster.  Je n’ai jamais la chance de regarder l’arrivée.  J’aurai la chance de voir les athlètes de près et de crier en masse pour les accueillir.  Qui sait, peut-être que je pourrai avoir une place VIP ?  Je suis convaincue d’une chose : ce sont toutes ces minis décisions qui me rapprochent ou m’éloignent de l’Everest.  Je dois écouter mon corps et m’ajuster à ses signaux…
Je vous tiens au courant.  D'ici là, n'oubliez pas les trois petits pas...
Lysanne

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